Le chat et son ami le mulot

 



Feriez-vous confiance à un ami qui arborerait un tel regard ?

Le mulot de l'histoire, n'a probablement pas eu le temps de reconsidérer la question !



Hier soir je m’endormais avec une belle image, qui redonne foi en je ne sais pas bien quoi.

L’après-midi, en rentrant à la maison, j’aperçois mon chat devant une boule de poils grise pelotonnée dans les herbes un peu hautes de la pelouse. Deux billes noires roulaient au sommet de la pelote. Pas de doute, ma Mini-Paillette (c’est le nom du chat, qui est une chatte, mais j’ai beaucoup de mal à parler d’elle en ces termes, ce qui est un autre débat !) est en compagnie d’un mulot, d’un jeune rat ou d’une musaraigne, que sais-je ? Je ne suis pas très douée en rongeur. Je m’approche à pas de velours, et il me semble assister à un jeu. Oui, un véritable jeu entre les deux bêtes. C’est certain que ce mulot, appelons ainsi la pelote aux billes noires, semble bien plus interactif qu’autres vers de terre ou limaces. C’était à ce jour, les deux espèces que ma Mini-Chouette (je l’appelle parfois aussi comme çà) avait ramenées à la maison en guise de trophée ou cadeau. J’aurais dû me méfier.

Le mulot est devant le chat. Bouge un peu à droite, le chat saute à droite à son tour, sans le heurter. Même manège à gauche, en arrière, sur le côté. Une véritable danse rythmée par les roucoulements du chat (oui, oui par moment les sons qui sortent de sa gorge s’apparentent bien plus au roucoulement qu’au miaulement). Le mulot ne s’échappe pas, alors qu’il en a plusieurs fois l’occasion. Le chat ne semble avoir aucune emprise sur lui. Le mulot se met debout et agite ses pattes avant en l’air. Tentative d’attaque ? Non, cela semble un nouveau pas de danse auquel répond le chat avec une seule patte, question de proportions et respect des équilibres certainement. Pour vous dire, l’innocence et l’apparente complicité entre les deux bêtes, à plusieurs reprises le chat vient se frotter à mes jambes, le mulot l’attend patiemment, ses deux billes noires rivées sur nous. Au bout de quelques minutes, la pelote de poils saute sous une haie, suivie du chat qui ne va pas très loin dans les entrelacs de branches. Je le vois contourner la haie et filer à l’arrière du jardin. Il aura probablement perdu son compagnon. Ou sa compagne, allez savoir ? Mon chat étant chatte, il en va peut-être de même pour la mulote.

En m’endormant, ma Mini-chouette à mes pieds, après un bain de ronrons divins, il me plaisait de penser que chat et mulot pouvaient devenir amis. Avant de plonger dans les rêveries du sommeil, je l’entendis jouer dans la chambre. Un jouet des enfants qui traine, l’un de mes chaussons ? Qu’importe cela restera discret et ne perturbera pas mon endormissement.

La belle qui a sommeillé près de moi toute la nuit, s’est montrée suffisamment délicate pour attendre mon éveil complet avant de venir m’inonder du rituel bain de ronrons matinal. Quand, quelque pas plus tard, je me dirige vers l’armoire, je découvre son ami le mulot, gisant sur la moquette, le jouet du soir. Je crois que je fus quelque part, un peu reconnaissante qu’elle ne l’ait pas laissé croupir sous le lit, ou mieux, offert en guise de cadeau matinal, quand j’ai balancé son éphémère ami à l’arrière de la maison par la fenêtre de la cuisine. Bien mal m’en a pris, j’aurai du le jeter plus loin... bien plus loin. Au moment où j’écris ces lignes, elle rentre du jardin et dépose à mes pieds, la dépouille de son ami, accompagné d’un roucoulement satisfait. A bien reconsidérer la taille de la queue du cadavre, son peut-être ami était un jeune rat.






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