Rendez-vous avec le Nividic
L'Inventoire, la revue littéraire de Aleph-Ecriture, propose des ateliers ouverts. Pour celui-ci, le premier auquel j'ai participé, il s'agissait d'écrire avec "les ombres de Montelupo" de Valério Valési. Le challenge : à travers un récit court de 1500 signes maximum, faire sentir, goûter, entendre, voir, palper un trajet dans un lieu cher. Je ne suis pas une grande familière d'Ouessant, mais ce sont les souvenirs d'anciennes balades à vélo sur cette île si particulière qui ont surgi.
Peut-être vous donnerai-je l'envie de braver le Fromveur pour aller y faire un tour ?
Peut-être vous donnerai-je l'envie de braver le Fromveur pour aller y faire un tour ?
Rendez-vous avec le Nividic
J’enfourche mon vélo pour quitter Lampaul. La côte qui mène
au nord de l’île laisse derrière elle les rues étroites et sinueuses qui
protègent la vie du bourg. La mer est là, elle m’appelle, se sent, mais je ne
la vois pas encore. Sous ce soleil d’août si accablant, je guette, je cherche,
je hume le frais du large. Pas de mer encore, elle n’est pourtant pas loin, je
le sais, je la connais par cœur.... même si elle n’est jamais la même à chacun de
nos rendez-vous.
Quelques coups de pédale, un virage à gauche et.... voilà !
D’abord, une lame d’air me percute et me happe. Puis l’odeur brute du granit,
du sel, de l’iode, du goémon qui vient se coller à la peau. Je dévale le chemin
de terre, la végétation a presque disparue.... tout n’est plus que pierre et
eau, une eau verte, profonde, lourde qui se fracasse en panaches blancs sur les
fonds rocheux de Ouessant. Je laisse tomber le vélo et viens me poster sur les
premiers cailloux. Des rochers ronds, usés, ballotés par la mer, des traits
d’union entre l’île et l’océan.
Plus loin, la pierre affleure, acérée, au milieu des lames,
livrant bataille. La mer est sans répit ici, même par temps calme comme
aujourd’hui. Et lui, il est là, fidèle au rendez-vous, comme toujours. Le
Nividic. Phare du bout du monde qui veille sur les hommes.
Je resterai là, debout sur les rochers à attendre que le
soleil s’incline et vienne plonger dans la mer, peut-être pour se régénérer lui
aussi.
Katell Salazar - mars 2019
Et si vous voulez en savoir plus sur cet atelier ouvert de l'Inventoire :
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